Avant-dernier bilan…

Eh oui, c’est déjà l’avant dernier. Ca fait déjà quatre mois que je suis là, ce qui signifie aussi que je rentre dans exactement un mois. C’est difficile de dire si c’est long ou court en fait, ça dépend des jours et des évènements qui se passent ici ou à l’autre bout du monde, chez vous… Mais bon je digresse déjà, donc bilan de ce dernier mois :

-          Bilan « relations humaines » tout d’abord : ce que je retiendrais de ces dernières semaines, depuis que Farokh est parti et que je suis la seule volontaire à l’orphelinat, c’est le fait que j’ai vraiment l’impression de faire partie de la « famille ». Mes relations avec les petits comme les grands sont vraiment devenues plus personnelles. Un exemple flagrant est l’évolution des discussions que j’ai avec Sundar, le frère de Krishna qui, en même temps qu’il cherche du boulot sur Kathmandu, donne un coup de main ici. Au début, il ne m’adressait même pas la parole, pas parce qu’il est mal élevé non, mais juste parce qu’ici, ça ne se fait pas pour un homme célibataire de 30 ans de parler à une femme célibataire de 30 ans. Et même si il est déjà fiancé, ou peut être encore plus parce qu’il est fiancé, je sais pas trop^^ Bref, je me suis un peu vexée à l’arrivée du premier Matthieu, parce qu’avec lui Sundar a tout de suite tissé des liens d’amitié assez forts, il l’a accueilli comme un ami et n’arrêtait pas de discuter avec lui, malgré leurs difficultés en anglais respectives. Et ça a recommencé avec Farokh le mois dernier, ils étaient comme cul et chemise au bout d’une semaine, de quoi vraiment me saouler, parce que moi ça fait des mois que je suis là et jamais il ne m’a traité comme ça. Evidemment, on a appris à se connaître, on a discuté un peu, mais ça n’a juste rien à voir avec son comportement avec un volontaire masculin. Pas que je sois jalouse, moi je suis très proche de Niru, et en termes de discussions amicales, j’ai mon compte  :)  Mais bon… Et enfin ces dernières semaines où on s’est retrouvés « seuls », sans volontaire autre que moi, ça a bien évolué. Un midi, on s’est retrouvés seuls avec Sundar tous les deux à déjeuner, et en plus du riz et des légumes qui étaient déjà prêts, il a fait une omelette (un homme qui cuisine au Népal, wow !!), bon je dois avouer que quand je l’ai entendu s’affairer en cuisine, j’ai attendu sagement qu’il finisse et qu’il m’appelle pour manger (girl’s power, sorry ! ). Bref, d’une part déjà, c’était super bon parce que c’est un très bon cuisinier (il cuisine souvent la viande quand on en a, et d’ailleurs ça m’énerve de voir qu’un si bon cuisinier ne cuisine que pour les occasions particulières !), et d’autre part on a vraiment eu une chouette discussion autour de cette omelette ! Depuis, il vient même dans ma chambre pour discuter de temps en temps, on parle de tout et de rien, (il m’a même raconté que sa copine avait mis trois mois à accepter sa demande en mariage  :)  ), il m’a parlé de ses projets, avec elle et pour le boulot. Bref, maintenant on parle de choses superficielles comme de sujets de fond, c’est que, vraiment pour lui, je fais partie de la famille ! Et ça me fait plaisir, parce que notre relation est maintenant bien « ancrée » et que ça compte plus pour moi que les « hugs » qu’il fait aux volontaires masculins quand il les voit^^

Et sinon l’autre chose qui me fait me dire que je fais partie de la famille, c’est les enfants. Qui maintenant prennent comme acquis le fait que je les aide dans à peu près tout et qui viennent me voir dès qu’ils ont un souci. Et même limite plus moi que les autres adultes ici, ils ont plus de facilités à me confier leur souci qu’à la « kommandantur » que représente Laxmi pour eux. C’est un peu dommage, car elle et Krishna font vraiment du bon boulot (je n’ai jamais vu des enfants aussi polis, respectueux et serviables, vraiment au quotidien ils sont adorables), mais elle passe à côté de beaucoup en étant si sévère à mon avis. Bref, je vais essayer de lui en toucher deux mots, mais c’est un sujet un peu sensible à aborder, je veux surtout pas la vexer en lui donnant « la leçon », donc je vais essayer de prendre des pincettes…

-          Bilan matériel ensuite : ça y est, on a fait le check up santé des enfants. Encore un truc à rayer sur ma to-do-list  :)  Un médecin est venu à domicile (oui parce que trimballer 11 enfants chez le médecin, c’est un peu chaud…), il a écouté les poumons, le cœur, regardé le blanc des yeux, fait une prise de sang et a récupéré les « petits pots » pour les analyses d’urine et de selles. Je vous dis pas l’aventure quand on a expliqué aux enfants pour les analyses et la prise de sang. Ils m’ont detesté l’espace d’un moment je crois quand à la question : « Miss, why do we have to do that ?! », j’ai répondu : « Hum, it’s my idea, I wanted to be sure you were perfectly healthy before I leave…”. Bref, ils se sont prêtés au jeu, Lokendra a pleuré pendant la prise de sang, je l’ai pris dans mes bras, mais je crois qu’il me détestait vraiment à ce moment là de lui faire subir tant de souffrances^^ Bref au final ça s’est bien passé, on attend les résultats des analyses et la facture… Apparemment, le médecin (qui travaille aussi pour Médecins sans frontières) nous a dit qu’il ne compterait pas le déplacement à domicile et qu’il nous ferait un « prix ». Ca devrait nous revenir à environ 15 euros/enfant. Donc si vous souhaitez m’aider un petit peu financièrement, vous êtes les bienvenus !

-          Bilan psychologique enfin : comme je vous disais au début de cet article, il ne me reste donc plus qu’un mois, jour pour jour… et j’ai du mal à dire si c’est encore long ou si c’est trop court. Ca dépend des jours et des évènements qui se passent sur votre côté de la Terre. Evidemment quand je reçois la photo du nouveau-né d’une de mes meilleures amies ou bien quand j’ai au téléphone mon filleul de 6 ans qui me demande quand je vais rentrer, je n’ai envie que d’une chose, c’est de prendre le prochain vol et de vous retrouver. Mais en même temps, j’ai pas envie de les quitter, mes filleuls d’ici… Vous allez me dire, c’était sûr que j’allais m’attacher, oui je le sais bien, c’est juste que du coup je suis partagée entre le fait qu’un mois ce soit encore long ou trop court^^ Et puis je sais que psychologiquement le retour ne va pas être facile, alors j’ai déjà géré les choses que je pouvais gérer d’ici : j’ai trouvé un appart à Nancy (enfin plutôt on m’a trouvé un appart, merci les amis  :)  ) et j’ai booké (ou on m’a booké, encore merci les amis et la famille !) à peu près tous mes week-ends d’août pour ne pas tomber dans une déprime post-je reviens-du-népal-après-m’être-occupée-d’orphelins-pendant-5-mois… Bref, j’essaie de me préparer, comme vous pouvez le voir, parce que le hiatus entre nos 2 mondes est tellement immense, qu’il va me falloir bien un mois pour me préparer au retour et un mois pour m’en remettre à l’arrivée. Et puis après il y a aura la reprise du boulot et des situations abracadabrantesques comme on en connait qu’à l’éducation nationale. La question est : vont-ils me faire travailler cette année ? Si oui, dans quelles conditions ? A quel bout de la Lorraine ? Pour faire de la physique ou autre chose ? Est-ce que ce sera au moins un établissement général ? Bref, tant de questions qui me reviennent petit à petit à l’esprit, quand je vous vois tous, mes amis profs, sur facebook ou par mail, souffler un grand coup à l’approche des grandes vacances…

Bon, en attendant de retrouver tout ça, moi j’ai du kérosène à aller acheter (ouais hein, ça fait peur d’aller acheter du kérosène en bidon de 5 litres^^) et des légumes aussi et puis j’ai 11 gamins à aller récupérer à l’école. On va passer deux bonnes heures à faire les devoirs, à faire des multiplications et des divisions, à trouver le PGCD, savoir ce qui est insoluble dans le kérosène, écrire des « essays » sur l’importance d’être patriote, apprendre à lire l’heure et bien d’autres choses encore. Bon et puis une fois les devoirs terminés (parfois ils en ont vraiment beaucoup, leurs profs sont vraiment tarés^^), on va aller faire du vélo (j’ai lâché Purna l’autre jour, le grand frisson !), et puis on va servir le dîner, faire la vaisselle, se brosser les dents et se faire un bisou pour se dire bonne nuit. C’est vraiment simple la vie ici… Pourquoi se poser tant de questions existentielles sur mon retour, franchement ?!

PS : juste une chose encore : comme cadeau de départ, j’ai l’intention d’acheter à tous les enfants des habits bien chauds pour l’hiver (même si c’est pas du tout de saison) car en vidant leurs armoires l’autre jour, je me suis dit que c’était plus que nécessaire… Donc si ça vous dit de participer… Je sais bien que vous êtes probablement en train de préparer vos vacances d’été et que vos finances sont sûrement serrées, mais si ma présence et mon action ici ont du sens pour vous, c’est le moment de m’aider… A bon entendeur… ;)

 

 

 

Sur la route de l’EBC… (Everest Base Camp pour les non initiés…)

Malgré un trekking avorté, j’ai quand même quelques clichés sympas à vous montrer !

PS : Buzz, j’espère que ça te rappellera quand même quelques bons souvenirs ;)

 

Souvenirs, souvenirs…

Juste pour toi, Chrys !

De moments Nutella en moments Nutella…

Je vous ai dit dans un précédent article que j’allais essayer de profiter à fond des dernières semaines que je passe ici. Aussi je voudrais vous livrer quelques moments « nutella », ces moments un peu magiques où tout le monde est heureux (comme dans la pub nutella :) ) :

-          1er moment Nutella : celui où j’ai enfourché pour la première fois mon nouveau vélo. Enfin mon nouveau-vieux vélo, bref un vélo d’occas que j’ai acheté pour moi mais aussi pour les enfants il y a deux semaines de ça. Du bonheur en barre ! Tout d’abord un bonheur purement égoiste : celui de retrouver la liberté de se déplacer rapidement, à moindre coût, avec une empreinte écologique nulle, et par la même occasion repousser les frontières de mon environnement quotidien. En pédalant comme une gamine dans les petites ruelles de ma ville, j’ai découvert des petits coins vraiment sympas et je me suis sentie libre comme le vent ! Avec un grand sourire au lèvre :)  Et puis ensuite un bonheur partagé, celui d’apprendre aux enfants à faire du vélo : j’ai choisi délibérément un vélo un peu petit pour moi, pour que les enfants puissent s’exercer et à terme l’utiliser par eux-mêmes. Alors tous les soirs, après les devoirs, j’en emmène un ou deux faire un tour : au début, c’était épuisant, et puis au fur et à mesure, ils ont pris leur envol comme des petits oisillons. Pas tous encore évidemment, les plus petits devront attendre un an ou deux de grandir encore un peu. Mais la première fois que j’ai lâché Roshan pour ses premiers tours de pédaliers en solo et que je l’ai vu s’éloigner de moi fier comme un pinson, j’en ai eu des frissons ! Ca m’a pris par surprise… Du bonheur en barre je vous disais… Et la deuxième fois, en lâchant Dipesh, même sensation, un sentiment de fierté et de bonheur incroyable en le voyant s’arrêter au bout de quelques mètres, se retourner avec un sourire jusqu’aux oreilles et me crier : « Did you see ?!!! » Yep, bonhomme, I saw perfectly ! Rubina aussi s’y est mise, et maintenant je lui fais signe de loin de revenir et je suis obligée de lui crier « Come back now, we need to go home ! » La bonne surprise aussi de ces leçons de vélo, c’est que pour une fois c’est Mithu la plus douée. Elle a appris étant petite, quand elle devait ramener les récoltes des champs avec son vélo. Elle se débrouille comme une grande et elle a une assise de princesse ! Je n’ai pas manqué évidemment de la féliciter largement pour son sens de l’équilibre (elle roule à une main :)  ), car enfin pour une fois depuis qu’elle est ici, c’est la meilleure dans la discipline ! Je lui ai donc demandé de m’accompagner pour plusieurs leçons et d’expliquer en Népali aux autres enfants comment se tenir, comment pédaler etc…  Elle était toute fière et moi aussi, encore un moment Nutella de plus !

-          2eme moment Nutella : le goodnight kiss qui a été fortement perturbé par l’installation des nouvelles moustiquaires. Vu qu’il fait chaud et humide, on est envahis par des put*** de moustiques à la tombée de la nuit. C’était sur ma to-buy-list et je l’ai discrètement suggéré à Farokh comme cadeau de départ^^ Bref, donc on a installé les moustiquaires et du coup je peux pu accéder aux petites frimousses des enfants pour leur faire leur bisou ! Alors maintenant tous les soirs, ils me font une petite ouverture dans leur forteresse en plastique et je me contortionne pour arriver à leur faire un bisou qui, de soir en soir, est devenu un moment d’intimité avec chacun : je soigne un petit bobo, je mets de la crème, je fais des chatouilles ou je colle un bisou bruyant dans l’oreille de celui qui se cache sous les couvertures, non mais ! Et puis Purna et Deepak, qui sont à l’étage des lits superposés, me font trop marrer à passer leur toute petite tête à travers la moustiquaire pour me coller un smack sur chaque joue, je kiffe  :)  Les filles sont moins joueuses, plus pragmatiques, elles me disent bonne nuit avant de se coucher, mais ne me collent pas moins de quatre bisous chacune, tout en s’accrochant à moi et en essayant toujours de me faire rester un petit peu plus longtemps dans leur chambre à discuter de trucs de filles  :)

-          Dernier moment que je veux vous faire partager : la lecture de la PU en anglais à la messe dimanche dernier… C’est un sujet beaucoup plus personnel, qui mériterait un article entier de ce blog ou plutôt un chapitre entier de ma vie, mais je vais vous en livrer quelques lignes ici, juste pour vous faire partager et parce que c’est probablement aussi une des raisons de ma présence ici. Donc, il y a 3 semaines de ça, au hasard d’un de mes joggings matinaux, je suis tombée sur une église catho dans le quartier voisin. Ca faisait un bout de temps que j’en cherchais une, mais ici, comme vous pouvez vous en douter, ça ne court pas les rues. Mais avant d’aller plus loin, il faudrait peut-être que je vous explique pourquoi je cherchais une église catho… Pour faire court, je crois en 2 choses : la physique-chimie… et Dieu. La physique-chimie d’abord parce que c’est la seule discipline qui explique tout le monde matériel qui m’entoure : du fonctionnement du dérailleur de mon vélo quand j’étais gamine à celui d’une centrale nucléaire ou du décollage d’un avion aujourd’hui, la physique-chimie a répondu et répond encore à toutes mes questions. Et pour tout le reste, qui est du ressort des relations humaines, de la psychologie et de la philosophie, j’ai besoin de quelque chose de moins pragmatique et de plus spirituel, je l’ai trouvé dans une foi en Dieu souvent vacillante mais néanmoins toujours présente. Il faut ajouter que j’ai été élevée dans une famille catho très pratiquante. Mon enfance a été rythmée par la messe du dimanche : j’ai été servante de messe, lectrice,  j’ai joué l’Ange Gabriel et le prophète Isaïe à la crèche vivante annuelle. J’ai fait toutes les sorties de la « Communion fraternelle », un groupe de jeunes de ma communauté de paroisse, je suis allée en « retraite » en Normandie, puis dans un monastère en Belgique à plusieurs reprises. Oui, oui j’ai fait tout ça, et j’étais à fond, à peu près comme dans tout ce que j’entreprends encore aujourd’hui. Puis les études, le boulot et les petits soucis de ma vie nombriliste m’ont un peu éloigné de tout ça, je me suis lassée des messes devenues trop poussièreuses à mon goût et des discours moralisateurs. J’avais perdu le « sens ». Mais malgré tout, au fond de moi, j’avais toujours ce sentiment de bien-être en pénétrant dans une église, comme une invitation à la paix et à la plénitude. J’ai retrouvé ce même sentiment à Bodhnath, le plus grand temple bouddhiste de Kathmandu, la première fois que j’y suis allée il y a 2 ans (et toutes les fois depuis), et j’ai adoré. Bref, à mon premier retour du Népal, je me suis posée un peu pour me poser les questions importantes (l’âge de la maturité peut-être^^), et définir notamment enfin si oui ou non, je croyais en ce Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. Certains me diront : « Bullshits », d’autres me diront : « Mon Dieu à moi, il s’appelle Allah » ou « Bouddha », ou « Shiva ». Entre nous, je crois que plus important encore que le nom du Dieu auquel on croit, c’est le message qui est important. Je l’ai compris en vivant ici avec des gens d’une toute autre culture que moi. Si vous y regardez de plus près, le message est le même partout : la Charité et l’Amour de l’autre. J’ai même le souvenir lointain d’un texte de philo qui m’avait marqué en term (plus moyen de retrouver l’auteur…) et qui parlait de la sollicitude pour l’autre. C’est du pareil au même non ? J’en suis de plus en plus persuadée. Quant à mon Dieu à moi et à la croix que je porte autour du cou depuis mon départ, c’est mon choix personnel, après m’être posée pas mal de questions et avoir un peu creusé la doctrine sociale de l’Eglise (ouais hein, moi aussi ça m’a fait peur le mot « doctrine » au début, et pourtant c’est une sacrée source de réflexions !). Bref, voilà le pourquoi du comment je cherchais une église catho ici, j’avais besoin de retrouver mes messes du dimanche, l’eucharistie, l’évangile. J’avais fait une première tentative dans une église à 5 min à pied de l’orphelinat, mais je me suis retrouvée dans un rassemblement d’ultras, qui malgré une musique très entrainante, avaient un discours d’évangélisation un peu trop « croisade » à mon goût, et puis surtout, y’avait pas d’eucharistie, c’est quoi cette église ?! Donc en courant l’autre matin, quand j’ai vu le panneau « Catholic church of the Assumption », je me suis dis que j’allais tenter. Et le dimanche suivant, j’ai retrouvé tout comme chez nous, à la différence près que tout était en anglais :)  Alors dimanche dernier, après avoir engueulé Niraj comme du poisson pourri pour ne pas avoir lavé ses chaussettes et sa chemise pour l’école, et m’être énervée contre moi-même de m’énerver contre un gamin de 10 ans pour ne pas avoir fait sa propre lessive (on marche sur la tête, en France, ce genre de choses n’arriverait jamais !), je me suis rendue à la messe… en vélo :)  (oui, j’aime bien cumuler les moments Nutellas  ;)  ). Je suis arrivée en avance, l’idéal pour me calmer un peu dans cette église dans laquelle je me sens vraiment bien, il n’y a pas de bancs mais des coussins au sol, on s’asseoit en tailleur, c’est tellement plus sympa ! (Ah oui et puis pour le signe de la Paix, on se fait des Namaste, je kiffe  :)  ) Bref, donc j’étais en avance, et là un petit bonhomme vient me demander si je veux bien faire une lecture.. « Euh, yeah why not… but you know I’m French and my english accent is really not perfect… » Evidemment, il ne comprend pas ce que je lui dis, puisque lui il est népalais et qu’il a un accent népalais^^ Bref, donc j’accepte, en me disant qu’en relisant plusieurs fois, j’arriverais bien à m’en sortir… 5 minutes plus tard, c’est le prêtre en personne qui vient me voir en m’expliquant le signe qu’il va me donner pendant la messe au moment où je devrais venir lire (je lui dis pas que j’ai bien une petite idée de quand on lit la prière universelle mais bon il vaut mieux être sûr^^). Je lui explique à lui aussi le coup de l’accent français, mais il me répond : « That is really not a problem ! ». Ok, fine… Let’s go pour une lecture en anglais alors… La messe se passe, l’homélie est particulièrement épique, je kiffe ce prêtre, il interpelle, pose des questions, parle des premiers pas de l’homme sur la Lune pour illustrer ses propos, bref, c’est intéressant et plein d’enseignements. Et le moment arrive où il me fait le fameux signe. Bon, ben… quand faut y aller… Je me retrouve donc, devant plus de 150 personnes, dont une moitié d’expatriés (les expat’  ;)  ), une moitié de népalais et une petite portion de Blacks (la première fois que j’en vois dans ce pays). Je prends mon plus bel accent anglais (enfin j’essaie) et je me retrouve comme la première fois que j’ai lu à la messe, comme une gamine à bûcher sur certains mots et à avaler certains autres. Là, je repense à François et à son fameux « Dou-ce-ment !» qu’il prononçait tellement fort que toute l’assemblée l’entendait^^ Je lis doucement donc et j’arrive même à prononcer « wholeheartedly » sans me tromper  :)  Je retourne à ma place, des gens me sourient, ils nous ont découvert, moi et mon accent français ! Mais c’est pas grave, ils ont l’air d’avoir compris, puisqu’ils ont répondu à chaque fin de phrase^^ Voilà, c’était mon moment Nutella du dimanche matin, et ça m’a donné la patate pour la journée. Et en fin d’après-midi, en allant chercher les enfants à l’école, j’ai retrouvé Niraj qui m’a dit dans un sourire :  « And now I will wash my socks, yes, miss ? » «Yes, Niraj, and I can help you if you want ! ».

 

Pour finir cet article, je ne veux surtout pas oublier les multiples moments Nutella que je passe actuellement au cyber café, quand je lis vos commentaires, vos mails et vos petites phrases quand on discute. Je les appelle « les mots qui touchent ». Et il y en a une multitude. Finalement, je crois que je partage plus de choses  avec certains d’entre vous par écrit quand je suis à des milliers de kilomètres que quand on se voit en vrai. C’est fou ça quand même ! Mais dans tous les cas, c’est génial et je tiens à vous remercier mille fois, vous tous qui m’écrivez, parce que vos messages de soutien et d’encouragement, qui me font parfois sourire, parfois rire (et parfois même me font venir une petite larme au coin  de l’œil) me donnent une patate folle et me confirme ce que je sais déjà : le fait de demander un mi-temps annualisé et de venir ici pendant ces 5 mois est la meilleure décision que j’ai pris de ma vie ! (oui je sais, j’avais déjà dit ça pour mon premier voyage ici, mais là c’est vraiment la meilleure décision de ma vie :) )