Et hier soir, on a mangé des momos !

Ne soyez pas étonnés de ne voir que des filles en train de préparer à manger, il ne faut pas oublier qu’on est dans un pays assez machiste quand même… Ce qui me ravit, comme vous vous en doutez !

Les momos sont des sortes de raviolis fourrés (dans notre cas) avec du poulet, des petits légumes et des épices (oh my Good, j’en ai les larmes aux yeux parfois, mais c’est trop bon ! Et puis, pour une fois, on n’a pas mangé de riz, YEY !)

Revenons aux choses sérieuses…

Pour contrebalancer un peu la légèreté de l’article précédent qui vous a peut-être donné l’illusion que j’étais partie 5 mois en vacances^^, voici un petit récapitulatif de ce qu’on a entrepris comme projets avec Krishna pour la maison et les enfants.

Concernant la gestion de l’eau, une bonne nouvelle déjà, il a commencé à pleuvoir ! Pas de quoi faire déborder les puits, mais tout de même, c’est déjà ça ! Cela faisait un mois et demi qu’il n’était pas tombé une goutte. Donc autant vous dire qu’elle était attendue cette pluie, et ce matin, je suis sortie exprès pour la sentir sur mon visage. Depuis la discussion que j’avais eu avec Krishna à propos des puits et de la gestion de l’eau, il avait tout d’abord installé le robinet dont je vous ai déjà parlé. Mais il avait ajouté que ça ne pouvait être qu’une solution temporaire, j’étais bien d’accord avec lui, même si je ne voulais pas lui dire au début, pour ne pas le vexer. Qu’il en vienne à cette conclusion tout seul m’avait vraiment rassuré. D’une manière générale, on s’entend vraiment bien sur tout, même si parfois il y a des petites (ou des grosses) différences culturelles, il est toujours à l’écoute de mes questions ou de mes remarques. Et ça fait toujours avancer le schmilblick. Donc suite à la pose du robinet, j’avais laissé la réflexion se faire dans sa tête, je ne voulais pas l’assaillir de conseils ou de directives, parce que d’une je ne sais pas quelles sont les possibilités locales et de deux, je ne veux surtout pas me la jouer occidentale-qui-sait-tout-mieux-que-tout-le-monde et qui impose sa façon de faire. Bref, donc aujourd’hui, en rentrant de l’école, j’ai eu la bonne surprise de voir un mec qui assainit les puits (ça a un nom ça comme métier ?!) faire un diagnostic de nos deux puits. Krishna a fait appel à lui pour voir ce qu’on pouvait faire. Donc pour 40 euros, il va nettoyer les 2 puits, ce qui permettra, d’après le professionnel en question, au puits de se remplir plus vite et donc qu’on ait plus d’eau au quotidien. Bonne nouvelle. Et puis il va aussi ajouter du potassium et du chlore pour assainir l’eau. Awesome !! Je savais même pas qu’on pouvait faire ça directement dans le puits. Comment il va s’y prendre ? J’ai hâte de voir ça… Bref, c’est une super nouvelle, on avance là ! Voilà comment bien rentabiliser l’argent des calendriers !

2eme problème : les pannes d’électricité. Là par contre y’a pas grand’chose à faire. Je vous disais dans un article précédent qu’eau et électricité étant intimement liées au Népal. La raison pour laquelle je disais cela est que le Népal est le deuxième pays au monde à produire la majorité de son énergie grâce à l’hydroélectricité (le Brésil est le premier je crois, si ça vous intéresse^^). Pour résumer, le pays est composé de quatre grands massifs montagneux entaillés du nord au sud par des gorges fluviales. Dans la situation actuelle, exploiter la puissance de ces cours d’eau pour produire de l’électricité semble une solution avantageuse pour tout le monde, cette énergie étant renouvelable, « gratuite » et en abondance dans les montagnes (je ne parle pas de l’impact de la construction de centrales hydroélectriques, évidemment désastreux pour la nature et pour les populations déplacées. Mais honnêtement entre nous, je trouve pas que la situation soit meilleure en France, avec 80% de notre électricité qui est produite par le nucléaire, énergie non-renouvelable, dangereuse et dont les déchets radioactifs sont hyper polluants, bref). L’hydroélectricité, donc, est la source d’énergie principale au Népal, on peut même dire que c’est la seule, en fait… Sauf qu’en période de saison sèche, la puissance fournie ne suffit pas à fournir la région surpeuplée de Kathmandu, l’électricité est donc rationnée dans toute la capitale, et les quartiers sont alimentés les uns après les autres, toutes les 8 heures environ. Les coupures de courant peuvent durer jusqu’à 16h par jour. Pas assez d’eau, pas d’électricité, CQFD. Alors du coup, comme la nuit tombe tôt, souvent on se retrouve dans le noir, alors que les enfants n’ont pas encore commencé à dîner. Donc ils dînent à la lumière d’une chandelle, et nous un peu plus tard aussi. J’utilise quotidiennement ma lampe frontale, elle me sert à moi et à tout ceux qui en ont besoin. J’en ai donc commandé 3 à Chrys (qui me rejoint dans un mois, YEY !), avec des piles rechargeables et un chargeur. Une lampe frontale pour chaque « chambre », celle des parents, celles des filles et celles des garçons. Ca devrait au moins un petit peu simplifier leur quotidien, à défaut de pouvoir construire moi-même une centrale électrique solaire (qui serait une bonne solution ici d’ailleurs, vu l’ensoleillement dont ils profitent).

Voilà pour les deux problèmes principaux. Ensuite, en ce qui concerne les dépenses, grâce à une partie de l’argent récolté avec les calendriers, on a pu payer les 3 mois de loyer de retard. On a été faire les « grosses courses » aussi, pour nous nourrir pendant 2 semaines environ:

  • 3*30 kg de riz (on s’est fait livrer par un mec en vélo, pour son premier voyage, il avait 2 sacs de riz de 30kg chacun coincés dans le cadre du vélo, honnêtement entre nous, je sais pas comment il a fait pour venir, à travers les petites ruelles qui nous séparent du magasin…)
  • 10 kg de lentilles
  • 10 kg de riz battu pour le goûter des enfants
  • Et puis de l’huile, du sucre, du sel, des épices, des herbes, du mais, de la farine, du dentifrice, du savon, du shampoing, des bougies.

En tout, on en a eu pour 100 euros environ. Pour 2 semaines, pour 13 enfants et 4 adultes. A ça, il faut ajouter les légumes qu’on achète quotidiennement au marché et la viande qu’on consomme deux fois par semaine. On doit être à 120 euros par quinzaine, soit pour arrondir 250 euros/mois. L’équivalent du salaire de Krishna… donc pour le loyer, vous pouvez comprendre qu’ils soient en retard de 3 mois…

Ensuite sur le front des frais scolaires, l’année scolaire étant terminée à la fin de la semaine, on va en profiter, toujours grâce à l’argent des calendriers, pour payer les frais de scolarité, acheter des nouveaux uniformes à tout le monde, nouvelles chaussures, nouveaux sacs et fournitures scolaires. Je me suis rendu compte que les enfants portaient encore les vêtements que je leur avais acheté il y a un an et demi de ça. Les chaussures de certains sont usées jusqu’à la moëlle et les habits deviennent tous trop petits (preuve qu’ils ont quand même grandis entre temps, alors que franchement, en les revoyant le premier jour, j’ai eu l’impression qu’ils n’avaient pas grandis du tout…).

J’ai découvert un truc qui m’a vraiment fait mal au cœur l’autre jour : depuis que je suis arrivée, Rubina mange moins de riz que les autres, je me demandais pourquoi, j’ai compris en la voyant enfiler sa jupe qu’elle était beaucoup trop serrée dans ses vêtements. Je pense que c’est lié. Elle ne veut pas manger trop pour ne pas « grossir » et être encore plus serrée. Au début, ça m’a mis hors de moi, parce que je me suis demandé comment Krishna et Laxmi pouvaient la laisser comme ça et puis après, ça m’a rendu triste à un point… Vous vous rendez compte vous ? Ils ne mangent déjà que du riz (ou quasiment), et en plus elle se rationne pour pouvoir rentrer dans ses vêtements ! J’en ai parlé directement à Krishna et Laxmi (comme je l’ai déjà dit, malgré nos différences d’appréciation, je peux leur donner tout à fait librement mon avis, ils sont très à l’écoute et respectueux, j’essaie de faire de même, même si c’est pas toujours facile de prendre sur soi, nos différences de culture sont parfois si énormes !), bref donc quand je leur en ai diplomatiquement parlé, ils m’ont dit l’avoir remarqué, et qu’ils attendaient juste la nouvelle année scolaire pour acheter de nouveaux uniformes. Bon ok, ça se tient comme raisonnement. Et puis en fait, surtout, je pense qu’ils n’avaient pas les moyens d’en racheter tout simplement. Quand vous devez choisir entre payer le loyer et/ou la nourriture et/ou les vêtements, entre nous le choix est vite fait… Vous demandez un délai à votre propriétaire, vous achetez du riz et vous attendez que le prochain bénévole arrive pour acheter des nouveaux vêtements… Je ferai pareil qu’eux si j’étais à leur place… Alors tant que j’y suis, quitte à acheter des nouveaux vêtements, j’ai aussi suggéré à Krishna qu’on pourrait peut-être acheter un nouveau banc et une nouvelle table pour la salle de classe. Il en avait fait faire 3 avec une partie de l’argent récolté grâce à la Marmite de la faim à Pâques dernier, j’avais trouvé ça super comme idée, parce qu’auparavant, ils travaillaient à même le sol. Bref, donc, 3 tables c’était bien, mais il faut bien reconnaître qu’à 11 sur 3 bancs minuscules, ils sont un peu serrés pour travailler… Alors c’est parti, la quatrième est commandée, le « menuisier » vient faire les mesures demain !

Bon et puis, du côté des trucs plus futiles, j’ai demandé à Niru de m’accompagner pour acheter du henné, du vernis à ongles, des billes, des puzzles, des jeux de carte, des bandes dessinées, des livres pour enfants etc… (J’ai découvert une super librairie pas trop loin de l’orphelinat aujourd’hui, j’ai trouvé des bouquins trop bien, pour les enfants comme pour moi^^). Bref, de quoi améliorer un peu leur anglais et puis leur faire plaisir aussi. On va sûrement faire une sortie à Kathmandu aussi, après les examens. Moi ça m’hallucine qu’ils vivent à une demi-heure d’une ville aussi riche de temples et de monuments, et qu’ils ne les aient jamais vu ! (Enfin, ca me fait un peu penser aux élèves de banlieue parisienne qui n’ont jamais vu la tour Eiffel quoi…)

Bref, voilà les projets pour les prochains jours, vous voyez, j’ai pas le temps de m’ennuyer, chaque jour amène son lot de découverte, de joie et de projets. J’aurai sûrement pas assez de cinq mois entre nous, et puis les liens créés ici, qui sont en train de se consolider au fur et à mesure des jours qui passent, me font me dire que ce n’est sûrement pas la dernière fois que je viens ici…

Happy Holi !

[article écrit vendredi soir, mais que je n’ai pu mettre en ligne qu’aujourd’hui, sorry ! et à l’instant où je vous écris, je viens de finir une partie d’échec avec Roshan, où on a fini ex-aequo, bon ok j’ai pas gagné, mais j’ai pas perdu non plus, yey !!!]

Voilà une semaine qui est passée comme l’éclair. Deux raisons à ça : les enfants sont en « holidays » depuis lundi (ils sont libérés pour réviser leurs examens de fin d’année qui commencent dimanche) [correction, on est dimanche, et en fait les enfants sont toujours en holidays, parce que le profs font grève, ils sont malins, c’est comme si nous on faisait grève le 1er jour du brevet ou du bac^^], et puis on a célébré Holi, appelé aussi « Color festival », la fête des couleurs. Cela consiste à se maquiller tout le visage avec de la poudre (très) colorée puis à jouer à la plus grande bataille d’eau du monde. Ca englobe les voisins, le chien et tous les gens qui passent dans la rue.

Il y a quelques jours de ça, je vous expliquais que le manque d’eau était un gros problème ici… Hé ben le jour de Holi, que nenni, on s’asperge d’eau tant qu’il y en a ! Quitte à utiliser l’eau du tank quand il y en a plus au puits… L’avant-veille, les filles m’avait prévenu en me disant que Holi serait « a rainy day » pour moi. Je me disais, nan mais c’est pas possible, on manque cruellement d’eau, ils vont pas la gaspiller comme ça, c’est pas raisonnable… Deux jours plus tard, une fois qu’on m’avait explosé des ballons d’eau (colorée elle aussi) dans le dos, la nuque, les jambes et à la seconde où Krishna m’a vidé un seau d’eau sur la tête, j’ai pensé : « Ils sont vraiment fous ces népalais !» et la seconde d’après : « J’adore ça !!! ». Alors j’ai couru dans la salle de bain, j’ai rempli un seau moi aussi, et je l’ai vidé sur Krishna et Lamxi en hurlant : « Revenge !!! ». Et c’était parti pour la meilleure bataille d’eau de ma vie, depuis le toit en terrasse à viser les voisins qui faisaient les malins eux aussi, ou bien dans la cour de la maison, en coursant tous les gamins qui cherchaient à me tendre des pièges.

Si vous avez bien suivi, vous devez comprendre quel était l’état de mes fringues à la fin de la matinée : trempés et maculés de la couleur des poudres qui avaient servis à nous maquiller… Mais c’est pas grave parce que ce jour-là, au déjeuner, on a eu droit à du porc, du poulet, plein de légumes et très peu de riz dans notre assiette… et même une bière ! (Enfin pour moi, parce que les mecs, eux, étaient à la vodka… Je pensais pas que Krishna buvait d’ailleurs, il a une hygiène de vie irréprochable par ailleurs, mais apparemment les jours de fête, ça se fait, et à la vodka svp ! mais pas le droit de boire devant les enfants, quand même…).

Bref, c’était legen-wait for it-dary ! Probablement l’une des meilleures fêtes de ma vie. Et pourtant j’en ai fait une paire. Mais là, c’était juste… différent. Niru (une volontaire de 23 ans qui travaille aussi à l’orphelinat, il faudra que je vous parle d’elle d’ailleurs, on s’entend trop bien), Niru donc m’a dit à la fin de la journée : « Alors tu comprends maintenant que les couleurs ça rapproche les gens !» Ah oui, en effet, ça les rapproche, on avait tous la même couleur de peau ce jour-là, il n’y avait plus de différences entre blanc, brun, adulte, enfant, bénévole, volontaire, responsables de l’orphelinat… Tous retombés en enfance, à s’asperger d’eau et à danser comme des fous sur des airs népalis. Du bonheur en barre. Et puis cette eau, qu’on économise chaque jour jusqu’au moindre millilitre, là, on lui a fait sa fête ! Et comme ça fait du bien ! Bon ok, ce jour-là, on a utilisé le peu d’eau qui restait dans le tank pour se doucher et faire partir ces pu***n de pigments jaune, rouge, violet et vert qui se sont immiscés partout (j’en ai trouvé au fond de mon oreille encore ce matin^^), et puis on a fait la vaisselle avec encore moins d’eau que d’habitude, mais c’était pas grave, parce que ce jour-là, on a du fun, a lot of fun ! J’ai balancé de l’eau et de la poudre colorée à des inconnus en leur criant « Happy Holi » et c’était tout à fait normal. Et je me suis sentie comme un poisson dans l’eau. Vous me direz, trempée comme j’étais, j’y étais presque, dans l’eau… Tout ça s’est fini par un bain de soleil sur le toit en terrasse, et maintenant, j’ai même la trace de bronzage des tongs sur mes pieds  Bon j’ai aussi chopé une bonne toux, mais je me soigne grâce à la médecine locale, tisane de citron-gingembre brûlante…

Après la folie de Holi, on est retournés à nos révisions, parce que quand même dans quelques jours, c’est les exams quoi… Alors on multiplie, on divise, on cherche le plus grand diviseur commun (oui, oui K, ils font ça aussi ici !) et on retient toutes sortes d’inepties sorties tout droit des bouquins de « Social class » (il faudra que je vous raconte ça aussi, certains contenus sont édifiants^^), bref on bosse quoi. Et autant les enfants sont capables d’être surexcités à n’en pas dormir la veille de Holi, autant ils sont capables d’une concentration impressionnante quand il s’agit de l’école. C’est cool, je retrouve à peu près mon job de « prof de soutien », j’ai le temps de réviser avec chacun et surtout d’aider les plus en difficultés.

Du coup cette semaine, y’a eu moins de tâches ménagères, mais il va falloir qu’on rattrape notre retard sur les lessives^^ ça va être fun la semaine prochaine ! Mais bon, en fait, c’est pas si grave, parce qu’avec avec Niru et Laxmi, pendant les lessives, on se raconte nos vies, on parle produits de beauté (elles m’ont convaincu de faire un soin à l’henné sur mes cheveux, ils étaient doux comme la soie après :-) ), on critique les mecs, bref on a des discussions de nanas quoi ;-) et ça nous rapproche farouchement.

Vous l’aurez compris je crois : je kiffe. Grave.

Paani Paani !

L'orphelinat et les enfantsVoilà une semaine que je suis à l’orphelinat, une semaine pour me remettre du décalage horaire, pour m’acclimater, pour observer et pour trouver ma place ici. Et je crois bien que je l’ai trouvé. Je donne un bon coup de main pour les tâches ménagères (j’ai réappris la cuisine népalaise, je retrouve les joies des lessives à la main), j’emmène les enfants à l’école, je les aide à faire leurs devoirs (et je réapprends le népali), j’apprends des jeux népalais, et j’ai retrouvé mon rôle de robinet.

Que je vous explique : ici, il n’y a pas d’eau courante, on a trois sources d’eau : 1 puits (n°1) peu profond qui donne de l’eau limpide mais en faible quantité (surtout en cette période sèche précédent la mousson), 1 puits (n°2) qui donne de l’eau à la couleur très douteuse mais en quantité ; et 1 tank placé sur le toit de l’orphelinat, qui alimente le robinet de la cuisine et celui de la salle de bains du haut. Cette eau est « drinkable » d’après Laxmi, mais je vous avoue que je n’ai pas essayé de la boire,[correction après avoir vu comment la cuve était remplie, il n’y a aucune chance que cette eau soit buvable !], donc je me contente pour l’instant de boire de l’eau minérale, et, pour ne pas trop acheter de bouteilles en plastique qui polluent énormément (je reparlerai dans un autre article de la gestion -ou plutôt non gestion- des déchets…), je fais bouillir de l’eau du robinet de la cuisine. Pour l’instant, je ne suis pas malade, touchons du bois. Bref, donc pour la cuisine, on utilise l’eau du tank, pour la vaisselle, l’eau de puits n°1 si il y en a assez (ce qui n’est jamais le cas, en fait..), et l’eau du puits n°2 pour le reste de vaisselle (pour l’hygiène, bof bof…), la lessive et le lavage des sols. Autant vous dire que les habits ne sont jamais très propres, mais tout est relatif ici.

Kathmandu est une ville très polluée, dans l’air et dans le sol. Donc quand vous passez une journée dehors, vous rentrez chez vous plein de poussière et les poumons noircis, sauf si comme la plupart des gens, vous portez un masque. Je vais d’ailleurs m’en acheter un, parce que pour l’instant avec mon cheche, je ressemble plutôt à un taliban qui se serait perdu loin de chez lui ! Bref, c’est très pollué, à cause d’une circulation très dense qui soulève beaucoup de poussières sur les routes pas toutes goudronnées. C’est vraiment très, très pollué. Kathmandu étant dans une vallée enclavée entre les montagnes, il y a un smog permanent. Au bout de 2 jours, les affaires dans ma chambre étaient recouvertes d’une couche de poussière noire, depuis j’ai fermé les fenêtres et je ne les ouvre plus…

Bref, revenons donc à mon rôle de robinet. J’ai complètement digressé là… (d’une manière générale, j’ai 10 000 choses à vous raconter, donc je vais surement digresser souvent, ne m’en veuillez pas:-) ). Donc quand les enfants ont fini de manger, ils viennent chacun laver leur assiette derrière la cuisine à l’extérieur. Et ils ont besoin d’eau pour rincer. C’est là que j’entre en jeu. Pourquoi me direz-vous ? Ben essayez simplement de faire la vaisselle sans robinet mais avec une petite cruche de 200 mL que vous remplissez en puisant dans un seau. Vous verrez comme c’est galère. Ah oui et j’oubliais, la vaisselle, elle se fait à même le sol, qui est sale, donc vous ne pouvez pas poser votre assiette par terre. Vous visualisez bien là ? Il y a 2 ans déjà, je me disais, nan mais attends, c’est pas possible de faire la vaisselle comme ça, il leur faut un robinet. Donc j’ai commencé à leur verser de l’eau pour rincer, et il s’avère que c’est plutôt efficace (ça permet d’en économiser) et c’est bien plus rapide comme ça. (Vous me direz, il suffit d’installer une pompe et un évier et c’est réglé… mais n’oubliez pas qu’on est au Népal ici…) Donc maintenant je donne de l’eau pour rincer la vaisselle, pour se brosser les dents (je reparlerai de l’hygiène dans un autre article sinon je vais vraiment digresser..), pour se laver les mains et les pieds, en gros dès qu’il y a besoin d ‘un robinet quoi… « Paani, paani, Miss, please ! », ce qui signifie « de l’eau, de l’eau, stp ! ». Ce matin, j’ai cru que j’allais leur dire comme dit ma sœur Emma à ses petits : « Je n’ai que 2 bras ! ».

Bref, tout ça se passe dans la plus sympathique des ambiances, les enfants sont sortis de leur timidité, on rigole bien, ils se moquent un peu de moi quand j’essaie de parler népali, mais ils m’aident bien, en échange je corrige leur anglais, et puis je les fais réviser. J’ai réappris à faire des tresses aussi. Je soigne des petits bobos. Certains me prennent par la main pour aller à l’école. On a beaucoup joué pour l’instant, car il y a eu deux jours de grève des profs (qui manifestent parce qu’ils sont vacataires depuis des années à ce que j’ai compris, et qu’ils voudraient qu’on les titularise… Finalement, les problèmes sont les mêmes partout, mais ça j’en reparlerai dans un autre article…). Du coup, c’était vraiment l’occas’ de se rapprocher des enfants. Ils sont super bons aux échecs (je me suis pris une raclée !) et d’une manière générale à tous les jeux auxquels on joue, le badminton, la corde à sauter, les jeux de carte (ils apprécient bien le jeu de 7 familles d’ailleurs, K, merci ! ) et bien d’autres encore. Je les retrouve comme je les avais quittés la dernière fois. Enfin pas tout à fait… En mieux. La petite Sushma m’a demandé l’autre jour combien de temps j’allais rester cette fois-ci et quand je lui ai répondu : « Five months », elle a eu l’air surprise, alors je lui ai dit : « Do you think it’s too long or… ? » alors elle s’est exclamée dans un grand sourire : « No, no, five months is good, good ! ». Et je suis d’accord avec elle.