Look who came to visit us !

DSC_0598 (Copier)Vous le reconnaissez ?! Et oui, c’est Purna, avec quelques années de plus !

Il travaille depuis un mois dans un restaurant pas loin d’ici. Il vient d’arrêter ses études bouddhistes (c t trop difficile pour lui, et surtout ça ne correspondait pas du tout à son caractère !).

Pour rappel, il avait été confié à Krishna et Laxmi quand il était petit car la maison d’enfants dans laquelle il était avant a fermé sur avis de la protection de l’enfance… Sauf qu’en arrivant Krishna n’avait aucune info sur lui sauf le nom d’un village. N’ayant aucun contact de personne à son propos, il a fait des recherches et a réussi à entrer en contact avec l’instit du village. Purna avait disparu des radars depuis des années, personne dans son village n’avait plus entendu parler de lui, ils le pensaient mort… sa mère était partie travailler à l’étranger (au Koweit), les 3 frères et soeurs placés eux aussi dans des maisons d’enfants. Le contact a été repris avec sa mère, qui dès qu’elle a su qu’il était ici, est revenu le chercher. Comme il est issu d’une famille bouddhiste, elle l’a envoyé dans un monastère bouddhiste pour poursuivre ses études. Sauf que commencer le tibétain alors qu’on a déjà 12 ans, c’est super chaud ! (ce n’est pas le même alphabet, ni du tout la même langue que le népali). Je me demandais toujours à quoi pouvait ressembler Purna avec sa petite toge rouge… Il l’a quitté il y a un mois donc et a revetu le tablier d’aide cuisinier, dans un restaurant où sa soeur avait déjà travaillé. Krishna m’a expliqué que son nom de famille « Tamang » était un nom très répandu dans la vallée de Katmandou et qu’ils étaient tous soit chauffeurs soit cuisto^^ Une grande communauté qui s’entraide et s’embauche mutuellement, ça aide…

Il a l’air d’être content d’avoir quitté la toge et de travailler, ça correspond bcp plus à son caractère, il aimait déjà bien ça petit, aider à faire des trucs un peu partout dans la maison. Il a un petit salaire aussi, et vit avec sa tante pas très loin… peut-être qu’il va apprendre à cuisiner et devenir un grand chef, qui sait ?!

En tout cas, ça m’a fait super plaisir de le revoir, malgré sa coupe d’iroquois :) Qu’est-ce que j’en aurai revu des anciens finalement, ça fait plaiz !!!

Fin de séjour…

Et voilà, on est déjà arrivés à la fin de mon 5ème séjour ici… C’est passé super vite, d’autant plus qu’on a voyagé pendant une semaine à travers le Népal. Je suis frustrée parce que je n’ai pas passé bcp de temps avec les enfants, entre l’école, les courses avec Laxmi, les achats avec Krishna pour l’assoc, les voyages pour aller voir Rubina et Mithu, il n’y a eu que très peu de temps pour vraiment profiter des enfants… Demain (mon dernier jour ici), on avait prévu d’aller faire une sortie avec les enfants (et d’exceptionnellement leur faire faire l’école buissonnière…). Mais en fait demain aprèm (d’habitude ils ont école jusqu’à 13h le vendredi), ils ont un « essay competition » qui est obligatoire… Donc on peut pas en profiter… on a décidé du coup avec Krishna de faire un barbecue demain soir et de faire un peu la fête, ça sera bien aussi :)

J’ai juste eu le temps de faire réviser ses tables de multiplication à Mahendran (le petit dernier), de soigner sa plaie (il s’est coupé la main juste avant que j’arrive), de donner des idées pour l’éval de demain aux uns et aux autres (ils ont déjà le thème de leur rédaction). On a fait des maths aussi avec Deepak et Birendra. Yeshoda je l’ai quasiment pas vu dans la salle de travail, elle est en cuisine tous les jours, ce que je redoutais après le départ de Rubina et Mithu (qd elles étaient là au moins, ça tournait). Elle m’a dit qu’elle n’avait pas tjs le temps de réviser, mais elle finit qd mm 4ème de sa classe, alors que les garçons eux (Birendra, Loké et Deepak qui sont dans la même classe qu’elle) sont classés respectivement 14, 16 et 26 (sur une centaine d’élèves sur ce niveau, classe 9). J’ai très peu vu Roshan, qui part plus tôt à l’école le matin, arrive plus tard le soir, car il a plus de cours que les autres (il est en classe 10). Et vu qu’il est pas très bavard, on a très peu échangé… C’est surtout avec Deepak et Birendra que j’ai eu le plus d’interaction, car ce sont eux qui sont les plus ouverts et en recherche de contact. Birendra a beaucoup changé, il était adorable encore l’an dernier, et là je trouve qu’il s’est durci, notamment avec les petits (Mahendran et Surendra, les deux frères qui sont arrivés l’an dernier). Krishna me disait qu’il avait eu pas mal de plaintes des autres à propos de Birendra, ce qui m’étonne vraiment beaucoup. Je lui en ai touché deux mots ce soir, il a eu l’air un peu contrit… est-ce que ça va durer ? On va lui en remettre une couche demain avec Krishna, en lui expliquant bien ce qui était arrivé à Dipesh il y a deux ans, son comportement ne lui avait pas permis de rester… Ca me ferait vraiment mal de savoir qu’à cause de son comportement, lui aussi doive un jour partir d’ici… Il a de bonnes capacités et surtout une famille hyper pauvre qui vit au fin fond du Népal… Il a intérêt à comprendre… et vite ! Deepak, lui, reste fidèle à lui-même, toujours de bonne humeur, un peu tête en l’air, mais pas méchant. Il a des taules en maths, c’est sûr, mais s’en sort pas mal en anglais… C’est pas un très gros travailleur, donc j’ai peur que ses études finissent assez vite… Mais enfin, tous les élèves ne peuvent pas faire de longues études de toute façon, on ne leur demande pas à tous d’être le premier de la classe, n’est-ce pas ? Dans tous les cas, chacun d’eux devrait rester jusqu’à au moins la classe 12, les « standards » ont changé à l’école publique et depuis cette année, ils poussent les élèves à ne pas s’arrêter à la classe 10 comme avant, mais à continuer jusqu’à au moins la classe 12, donc logiquement dans tous les cas, je devrais tous les retrouver d’ici deux ans… mais bon, « we never know what future will be, right ? »

J’espère pouvoir discuter encore un peu avec Loké avant de partir, mais de toute façon, on a prévu avec Krishna de faire une « table ronde » avec les enfants demain en fin d’aprem (avant de faire la fête), pour leur expliquer un peu plus pourquoi je les soutiens avec l’assoc, comment l’orphelinat survit etc… On y arrive enfin à de la transparence là-dessus et je pense que c’est parce que la majorité d’entre eux maintenant sont en âge de comprendre que l’argent ne tombe pas du ciel. On va leur expliquer aussi la situation de Mithu, et essayer de leur faire comprendre que c’est dans leur intérêt qu’ils restent ici le plus longtps possible. Ca devrait peut-être calmer Birendra… Et puis on veut essayer aussi de faire comprendre à Loké qu’il peut avoir confiance en l’avenir, malgré les dettes qu’il a déjà sur le dos… Bref, je sais pas trop comment ca va se passer, j’imagine qu’ils ne vont pas piper mots et qu’ils vont regarder leurs pieds tout du long^^ou pas… on verra !

Sinon ces derniers jours, j’ai « vidé » ma valise : j’ai amené à la section des élèves déficients visuels de l’école des enfants le matériel spécialisé que j’ai récolté grâce aux adhérents du GIAA (Groupements des Intellectuels Aveugles et Amblyopes, dont ma collègue Pascale est présidente, elle m’avait invité à une de leur assemblée pour que je leur parle du Népal et notamment de la section pour DV), l’enseignante spécialisée (mon équivalent népalaise Miss Buddha, ça s’invente pas !) qui m’a reçue était évidemment ravie de tout ce matériel et on a échangé nos facebook :) Elle m’a déjà envoyé des vidéos d’un concert de ses élèves, c marrant. J’y retourne demain pour la voir et lui faire un don pour qu’elle puisse acheter du matériel pour ses élèves (papier braille, mais aussi des vêtements chauds pour l’internat, la moitié de ses élèves y est accueilli à titre gratuit, ils vivent dans des conditions encore plus spartiates qu’à l’orphelinat…).

J’ai aussi vidé ma valise des vêtements pour filles que j’avais amené, c’est Muna et Binu qui en ont profité (Yeshoda a tout ce qui lui faut, sa sœur vient souvent lui rendre visite et lui achète à chaque fois des vêtements). Muna et Binu m’ont sauté au cou pour me remercier, c t Noel pour elle, elles s’enchantaient de chaque chemisier, tee-shirt ou pull que je leur présentais… Même si certains étaient un peu grands, elles les rempliront plus tard :)

Une fois ma valise vidée, j’ai pu refaire le plein : écharpes, bonnets, bols tibétains, tangka, bracelets, thé… de quoi présenter sur notre stand au marché du Monde Solidaire dans 3 semaines ! J’ai jamais dépensé autant d’argent en 3 jours, entre les courses avec Laxmi pour la maison (matériel de cuisine, draps, courses alimentaires…) et les achats avec Krishna (on a été visité ce matin une fabrique de bols tibétains, c t super de voir ça en vrai ! en gros, c’est une forge, rien d’exceptionnel, mais bon, qd mm c impressionnant de voir faire ça à la chaîne comme ça !). J’ai aussi jamais autant marchandé, ça m’épuise… pourquoi ne pas donner un prix fixe aux choses ? Sur les mandalas, j’ai économisé près de 70 € qd mm… et sur les bols, c’est Krishna qui avait marchandé à l’avance… Les écharpes, je ne me suis même pas présentée dans le magasin, Krishna m’a ramené des échantillons pour que je puisse choisir ce que je voulais et il a pu ainsi obtenir le prix « népalais »… Pour les bonnets, Krishna a dit tout de suite au vendeur que je connaissais les prix et que je lui donnerai pas plus que ce que ça valait^^

Bref, ça aura été 3 jours très chargés, mais ma valise maintenant est pleine, et j’espère sincèrement qu’elle dépassera pas le poids autorisé, sinon je suis mal^^ Demain on va encore faire quelques courses avec Laxmi, les ultimes^^ et puis je devrai boucler ma valise… Ca fait bizarre de partir aussi vite, j’ai l’impression de les avoir « loupé », d’avoir eu tellement de choses à gérer que j’ai même pas pu profiter d’eux… Mais bon, j’ai vu les grandes, c t un des objectifs de mon voyage aussi… Ce qui est sûr, c’est qu’à l’avenir, je ne referai pas tous ces trajets pour aller les voir… et que je ne pourrais pas rendre visite à tous ceux qui quittent l’orphelinat, sinon je vais me perdre en trajets… à moins de revenir pour plusieurs mois ici, ce qui n’est pas vraiment non plus dans mes plans… mais bon, we never know what future will be, right ?! ça restera mon mantra népalais !! Vive Rubina :)

 

Suite… et fin du voyage !

Je me suis arrêté à la journée où on a rencontré Mithu… Le soir même, on devait prendre le bus pour rentrer à Katmandou, car on avait pris du retard dans notre planning et qu’on devait absolument rentrer le samedi car des jeunes étudiants népalais venaient offrir plein de choses (vêtements, couvertures, jeux…) aux enfants. C’était un évènement planifié depuis longtemps et Krishna ne voulait pas rater ça. Mais évidemment au Népal, quand on prévoit des trucs, ça se passe jamais comme on veut ! En fin d’aprem, nous avons appris que notre bus n’était pas encore arrivé à Nepalganj et qu’il était coincé à plus de 250 km à  cause d’un accident. Pas de possibilités de prendre un autre bus, ou même un vol, on était coincés… Du coup on a passé notre samedi à glander, j’ai même fait une grass’mat jusqu’à 7h30 (c’est hyper tard ici ;) ), c t ma première journée de repos en fait… j’ai apprécié finalement. Comme on était coincé et que même ce jour-là on n’a pas pu avoir de billets pour KTM et que de toute façon on ratait l’évènement à l’orphelinat, on a décidé d’aller directement à Beni en passant par Pokhara, des billets de bus étant encore disponibles.

On a donc voyagé en bus pendant plus de 20h pour rejoindre Pokhara et ses montagnes au petit matin suivant. C t un choc thermique, visuel et culturel. Deux régions qui n’ont rien à voir, l’une tropicale, l’autre montagneuse, avec 7 des plus hauts sommets du monde devant nos yeux ! Le Népal a cette richesse de paysages qui est bluffante… A peine arrivés à Pokhara, on a pris un autre bus, local celui-là, pour rejoindre Beni à 3-4h de route pour finalement arriver chez Rubina vers 11h. On était cuits…d’autant plus que la route pour rejoindre Beni est très chaotique… (je suis trop grande pour les bus népalais,  j’ai des bleus partout^^). Pour rejoindre l’immeuble où vit Rubina, il a fallu traverser un de ces fameux ponts suspendus en métal que vous avez déjà tous du voir, au moins en photo… J’ai pas le vertige, mais là je vous assure que je faisais pas la maline^^ on voyait à travers, et la rivière était vraiment large… Bref, une fois arrivés de l’autre côté, on a retrouvé Rubina, embrassades, sourires, joie :) elle était super contente de nous voir, nous aussi. Elle nous a amené dans son tout petit une pièce, qui leur sert de cuisine, chambre, salle à manger, salon… Les toilettes sont sur le palier. Les conditions de vie là aussi sont très spartiates, mais on est dans une ville, dans un immeuble salubre, à l’abri des animaux sauvages… Et puis surtout les sourires ! De Rubina, de sa mère, les discussions à bâtons rompus… La cuisine succulente de Rubina et les bonnes nouvelles : Rubina a eu une bourse car elle était bien classée à son exam de fin d’année, elle est dans une école privée de « hotel management », et je trouve que ça lui colle tout à fait ! Une fois ses études finies, elle veut partir travailler à l’étranger, et elle aura peut-être une opportunité au Royaume-Uni, car sa grand-mère maternelle, veuve d’un ancien combattant de l’armée britannique (historiquement l’armée britannique avait engagé bcp d’hommes de l’armée népalaise qui était considérés comme très pugnaces), a pu aller vivre au Royaume-Uni (elle a eu la nationalité), et pourrait donc l’accueillir chez elle. Tout ça est très hypothétique bien-sûr, car pour l’instant Rubina n’a même pas de papiers d’identités, il y a un souci avec les papiers de sa mère (qu’elle n’a jamais réglé) et les dates de naissance de l’une et l’autre ne collent pas (leur différence d’âge sur les papiers est trop faible pour qu’elles puissent être mère et fille). Bref, là j’ai commencé à comprendre pourquoi Rubina avait été placée petite, parce que franchement là je me demandais… Une famille très pauvre, une histoire de remariage, une belle-mère menaçante, ça je savais… mais pourquoi alors la situation avait-elle changé au point que Rubina pouvait revenir maintenant ?

En fait, la caste de Rubina est une communauté de gens qui vivent selon des mœurs assez libres (ils font fi des convenances et autres traditions). Ainsi sa mère s’est mariée à 13 ans (!), un mariage d’amour qui a abouti à la naissance de Rubina, alors que sa mère avait 14 ans… Ensuite son père biologique a quitté sa mère, s’est remarié, et sa mère aussi a refait sa vie de son côté… Sauf qu’évidemment à 14 ans, sa mère n’était encore qu’une enfant et qu’elle n’a probablement pas su s’occuper de sa fille… En discutant un peu avec sa mère (Rubina ou Krishna me traduisait), j’ai compris que sa mère était très immature, même encore aujourd’hui (elle est plus jeune que moi, Rubina a 19 ans, sa mère 33…). On dirait d’ailleurs que c Rubina la mère dans leur « binôme ». En fait, Rubina a été placée à l’âge de 5-6 ans, quand sa mère a eu son petit frère. Et depuis Rubina a été élevée par Krishna et Laxmi en fait… qui lui ont donné une éducation assez stricte, très loin des mœurs de sa caste. Ce qui fait que Rubina est très différente de ses camarades de classe par exemple. Sa mère nous a raconté que les jeunes garçons et les filles de l’âge de Rubina flirtent bcp, et que le premier garçon qui a essayé de séduire Rubina s’est pris une gifle ! G t morte de rire, hihihihi :D ! Ca lui ressemble tout à fait ! Elle est hyper indépendante et trèèèèèès loin des préoccupations de ses camarades. Elle rêve de partir à l’étranger, de travailler, d’être libre et indépendante. Bien-sûr un jour ou l’autre, elle trouvera sûrement un garçon qui lui correspond, mais je pense qu’elle prendra le temps de bien choisir et qu’elle ne tombera pas amoureuse du premier venu… Elle me fait penser à quelqu’un ;)

Bref, c’est donc une Rubina heureuse que j’ai trouvé chez elle, elle est contente d’être libérée de toutes les responsabilités qu’elle avait à l’orphelinat (c t la plus ancienne, la grande sœur de tous, elle gérait énormément de choses). Elle est assez grande et autonome aujourd’hui pour gérer sa vie, je lui fais confiance. Et puis sa mère, bien qu’immature, est très joyeuse qui ce qui gâche rien. Il faudrait juste qu’elle arrive à gérer ses problèmes de papiers histoire que Rubina puisse un jour partir à l’étranger comme elle le veut… On lui a laissé un peu d’argent pour payer les frais d’examens et un pull pour l’école (non pris en charge par la bourse). Et puis on l’a quitté, contents (Krishna est particulièrement fier de voir ce qu’elle est devenue, c’est la première qu’ils ont accueilli, ils la considèrent quasiment comme leur fille). Là je mesure vraiment l’impact de l’orphelinat sur la vie des enfants, concernant Rubina, ça a été un changement radical. Même si, bien-sûr, on les déracine un peu en les envoyant ainsi à la capitale pour étudier, au moins bénéficient-ils d’une réelle chance d’étudier et de sortir du cercle vicieux de leur famille. En sera-t-elle plus heureuse pour autant ? C’est une question qui ne trouvera réponse certainement que dans quelques années… Mais comme disait Mithu : « tu sais, avant que j’arrive ici, j’étais comme un singe, je ne pensais qu’à aller jouer dans la jungle avec mes copains… ». Pour Rubina, ce n’était certainement pas dans la jungle qu’elle serait allée jouer, mais peut-être aurait-elle eu, elle aussi, déjà des enfants à 15 ans…

Je vais continuer à garder contact avec Rubina, elle a un compte facebook, un téléphone (que son beau-père lui a offert) et je lui ai dit que si un jour, par chance, elle venait au Royaume-Uni, il fallait évidemment qu’on se voit… Je suis curieuse de savoir ce qu’elle va devenir… mais comme elle me disait souvent : « we never know what future will be, right ? ». Avec elle au moins, le champ des possibles est ouvert… au contraire de celui de Mithu… et ça fait toute la différence…

Début du voyage…

Ok… par quoi commencer ?

J’ai vu tellement de choses en ces 9 derniers jours, j’ai vu tant de régions différentes, de modes de vie différents… bon je vais essayer de suivre la chronologie…

On avait donc prévu d’aller voir Mithu, qui habite dans un village près de Nepalganj, la ville où a grandi en partie Krishna. C t donc l’occaz aussi de rendre visite à la famille de Krishna et de bénéficier d’un hébergement gratuit. L’occaz de rencontrer sa grand-mère notamment (87 ans ! c super vieux pour le Népal !) qui est une femme adorable et qui m’a permis de faire la meilleure sieste de ma vie, en chantant une berceuse pour son arrière-petit-fils de 4 ans… finalement je me suis endormie la première :)

On devait rencontrer Mithu le jour même, sauf qu’il s’est avéré qu’elle n’était pas revenue de son village natal (dans la montagne) où elle avait passé les fêtes. On devait donc attendre le lendemain matin. On en a donc profité pour faire une petite visite de la ville (rien d’exceptionnel, si ce n’est un temple hindou assez impressionnant). Le lendemain matin, pas de nouvelles de Mithu, mais à la fin de matinée, elle nous appelle pour nous dire que la chèvre de ses grands-parents est malade et qu’elle a du l’emmener chez le véto^^ ça s’invente pas comme excuse ça, franchement ! du coup elle ne reviendrait que le lendemain.

Etant donné que Mithu a la bonne idée d’habiter juste à côté d’un parc national abritant une multitude d’animaux sauvages, on en a profité pour aller le visiter en attendant que Mithu soit dispo. Ca a été l’occaz de visiter un vrai village Tharu (une tribu locale, vivant de la culture du riz) et de faire un safari dans la jungle (la forêt est tropicale dans le sud du Népal, luxuriante à souhait !). On espérait voir le tigre du Bengale (on peut tjs rêver), et on a vu… ses empreintes sur le chemin ! Rien que de voir les empreintes, je vous assure, on était déjà fin heureux ! On a vu plein d’animaux, surtout des daims sauvages, des singes à têtes noires, des macaques, des empreintes d’éléphants au bord de la rivière (impressionnant !), un rhino de loin, enfin plutôt les fesses d’un rhino, il a jamais voulu se retourner :) , un crocodile se dorant la pilule au bord de la rivière, bref, c t super chouette !

Puis on a quitté la jungle et on est allés rendre visite au père de Krishna, qui habite un petit village pas très loin de là. Lui et sa femme (la belle-mère de Krishna, sa mère étant décédé quand il était petit) ont couru après le poulet, pour nous le cuisiner pour le diner, c t très pittoresque. De mon côté, vu que je voulais pas participer à la course au poulet, je suis allée voir de plus près la récolte du riz (en fille d’agriculteur qui se respecte) et j’ai découvert une agriculture à des antipodes de la nôtre, avec des moyens ancestraux : la coupe à la faucille, le séchage sur chaumes, les fagots de paille, le battage du riz à la main ou avec des bœufs… et pour travailler la terre des buffles tirant une charrue à un soc, et une poutre de bois en guise de herse… Et j’avais beau être à l’autre bout de monde, j’ai retrouvé les mêmes odeurs de paille séchée, le même parfum de la terre fraichement retournée et de l’humidité qui s’échappe du sol. C t bluffant de ressemblance. Le bruit du tracteur en moins…

Le soir, après avoir fait sa fête au poulet, on a profité du toit terrasse et du ciel dégagé pour regarder les étoiles et enfin voir les Orionides (des jours que j’essayais en vain de les observer), c t chouette. Le lendemain, on est repartis à pied, à travers la forêt, et on a rejoint la nationale pour rentrer sur Nepalganj et enfin voir Mithu.

On y est allés en scooter (celui de la belle-sœur de Krishna), et j’ai kiffé la petite route de campagne :) Mithu nous attendait au bord de la route, je l’ai serré très fort, mais elle m’a semblé très timide, trop timide… Elle nous a précédé sur le chemin qui menait à la maison de son oncle, on a zigzagué dans les rizières, et une fois qu’on était presque arrivés, elle nous a dit de faire attention parce qu’il pouvait y avoir des serpents ! Evidemment, moi j’avais mis mes tongs… Krishna aussi… Bref, on a été très bien accueilli par sa famille, composée donc de son oncle, sa tante, Mithu et ses deux petits frères. Mais assez vite, j’ai senti qu’il n’y avait un truc qui n’allait pas, j’ai retenu mes larmes de voir Mithu si effacée, quasi absente… Il manquait son rire au éclat, ses bêtises, son affection… Je lui ai alors demandé de me faire un tour du propriétaire, histoire qu’on soit un peu seules toutes les deux. Elle s’est un  peu détendue et on a pu discuter un peu. Je lui ai demandé de manière très directe si elle était bien traitée et si elle était contente de vivre là. J’ai eu droit à un petit « oui », que son oncle et sa tante étaient bons pour elle, mais qd mm, ils n’avaient pas pu lui payer tous ses livres et elle manquait de cahiers… Elle a fini par me dire aussi qu’elle n’avait pas de chaussures, ni de chaussettes pour aller à l’école… Et puis elle a conclu en disant qu’elle voulait continuer à aller à l’école, mais qu’elle ne savait pas si ca serait possible car son oncle devait déjà subvenir aux besoins de ses propres enfants (qui sont plus grands et qui ne vivent plus sur place). J’ai senti le vent tourner… A notre retour, tout le monde était en panique car un serpent rodait autour de la maison, son frère est venue nous escorter avec un bâton, ça m’a pas franchement rassuré… On a retrouvé Krishna en grande discussion avec l’oncle et là, j’ai compris que Krishna était énervé. L’oncle venait de lui demander si il était possible qu’on aide encore Mithu pour les frais de scolarité, parce que lui ne pouvait pas lui payer. Ce à quoi Krishna a répondu, à raison, qu’en quittant l’orphelinat, ils savaient qu’elle ne serait plus prise en charge financièrement. Qu’elle laissait la place à une autre fille, et que l’objectif de l’orphelinat, c t déjà de subvenir aux besoins des enfants qui y résidaient, mais pas ceux qui décidaient de le quitter. On ne peut pas malheureusement aider tout le monde, ceux qui partent, ceux qui restent, ceux qui arrivent….

J’ai ajouté que si ils voulaient qu’on l’aide, elle pouvait simplement revenir à Katmandou avec nous et finir ses études. Ca ne leur couterait pas une roupie. Mais bien-sûr ce n’était pas dans les plans de l’oncle, qui a trouvé en Mithu et son frère (qui est revenu comme elle) une main d’œuvre précieuse… En gros, il veut le beurre, l’argent du beurre et la cremière… (Et puis, il ne faut pas se leurrer, quand bien même on lui paierait ses frais de scolarité, je suis persuadée que dans ces conditions, elle n’arrivera jamais à suivre, déjà à Katmandou elle avait des difficultés, alors là…). On lui a laissé un peu d’argent pour acheter ce qui lui manquait et on est repartis… sur le sentier du retour entre les rizières, Mithu a discuté avec Krishna, il m’a expliqué qu’elle regrettait d’être partie, qu’elle avait imaginé que sa vie serait meilleure ici. On est persuadés avec Krishna que ce n’est pas elle qui a pris cette décision, et qu’elle a été manipulé… La cerise sur le gâteau, c’est que Mithu et ses frères devaient récupérer la propriété de ses parents décédés, mais l’oncle a vendu leurs terres pour faire sortir son fils maoiste de prison… Ils n’ont donc plus rien à eux… J’étais dégoutée quand j’ai appris ça, Mithu aussi surement… Elle se retrouve donc à vivre avec un vieil oncle et sa femme, sur une propriété minuscule, à faire les difficiles travaux pour eux (il fait une chaleur à crever dans cette région et le travail de la terre est très éprouvant), en n’ayant même pas le temps de faire ses devoirs (et puis de toute façon, elle n’a même pas tous les bouquins donc…). Je l’ai serré bien fort dans mes bras, lui ai assuré notre soutien si elle avait besoin d’aide, qu’elle n’hésite pas à appeler Krishna si nécessaire. Mais elle est coincée dans cette famille… je l’aurai bien pris sur le scooter avec nous au retour je vous assure… J’ai séché mes larmes tant bien que mal sur le trajet, pestant contre cette fatalité que subissent ces enfants… Mais on ne pouvait pas la kidnapper, n’est-ce pas ?

Ici se termine notre voyage à Nepalganj, la suite au prochain épisode… Ca me retourne encore le bide cette histoire, même si je me suis plus plus ou moins fait une raison…

And… back in Katmandou !!!

Et nous voilà de retour à la maison ! Ca fait du bien :)

Ai retrouvé les enfants avec joie, ils m’ont littéralement sauté dessus ! Muna est revenue aussi (c t la seule à ne pas être revenue de son village), elle a vachement grandi (et grossi aussi :) ). Elle était toute contente de me retrouver elle aussi, c marrant parce que je ne pensais pas qu’elle se souvenait si bien de moi, je dois faire de l’effet lol

Je n’ai pas eu une minute à moi depuis le retour, les enfants viennent de se coucher, une petite douche (froide) et au lit, je suis exténuée ! On s’est qd mm tapé près de 2000 km, en plus de 40h de bus, j’en peux plus… C’est clair, je ne prends plus de bus d’ici à mon départ (déjà samedi, et g presque pas eu le temps de profiter des enfants ici… entre aller voir les filles et rester ici, il fallait bien faire un choix de toute façon… je ne regrette pas d’y être allée,c t très… instructif…).

Je vous ferai un débrief demain parce que là, je tombe de sommeil ! J’ai retrouvé ma chambre, mon lit, mon intimité ! ouf ! ca fait du bien :)

Good night !

 

 

 

Stuck in Nepalganj…

Bon ben on est coincés à Nepalganj… Pas moyen de rentrer, notre bus a eu un accident à l’aller depuis Katmandou (pas de blessés, il était quasi vide…). Aucune place ailleurs, dans aucun bus ni aucun avion (bcp de provinciaux reviennent à Katmandou à la fin de leurs vacances…). Du coup on va peut être essayer d’aller directement voir Rubina, sans passer par Katmandou ( ce qui était prévu au départ, mais qu’on avait modifié parce que Mithu n’était pas disponible). Bref, c vraiment une journée de merde…